Objectifs de la base de données
La base de données des atrocités vise à :
- combattre la culture régnante d'impunité qui caractérise cette
crise depuis son déclenchement en 2016;
- obtenir des preuves en vue de futures procédures internationales de reddition
de compte et une éventuelle commission nationale de vérité,
de justice et de réconciliation;
- aider les défenseurs des droits de la personne et les journalistes qui défendent
les droits de la personne au Cameroun;
- constituer des archives pour la recherche érudite portant sur le Cameroun,
la crise anglophone et les conflits;
- dissuader les parties en conflit de commettre de nouvelles atrocités.
Cette base de données est apolitique et non partisane. Elle représente
un lieu sûr et centralisé pour la conservation de renseignements sur
les atrocités perpétrées pendant la crise anglophone au Cameroun.
Les atrocités constituent des violations du droit national et du droit international
ainsi que du droit de la guerre.
Créateurs de la base de données
La base de données a été créée par un groupe de chercheurs et de dirigeants communautaires
que les effets dévastateurs de la violence et des atrocités commises dans les régions
anglophones du Cameroun préoccupent, en particulier pour la population civile. Notre
équipe se compose de chercheurs de l'Université de Toronto, de l'Université de Leiden,
de l'Edinburgh International Justice Initiative, du Human Rights Center de l'Université
de Californie à Berkeley, et du Digital Verification Centre d'Amnistie Internationale,
avec le soutien d'autres vérificateurs de systèmes d'information d'OSINT, d'organismes
sans but lucratif camerounais comme Centre for Human Rights and Democracy in Africa
(CHRDA) ainsi que de quelques éminents Camerounais et amis du Cameroun qui ne sont
pas liés au gouvernement camerounais ni à aucun des groupes armés non étatiques
ou d'autres parties en conflit.
Cette base de données est apolitique et refusera toujours toute ingérence partisane.
La base de données est hébergée par l'Université de Toronto, au Canada, pour des
motifs de neutralité et de cyber sécurité.
Comment envoyer des incidents à la base de données
Pour envoyer des incidents à la base de données, cliquez sur le lien
ci-dessous et remplissez de votre mieux les champs du formulaire :
https://cameroondatabase.ushahidi.io/posts/create/4
Cette méthode de téléversement est complètement anonyme.
AUCUN renseignement permettant d'identifier la personne ou l'appareil qui téléverse
des renseignements n'est recueilli.
Comment consulter la base de données
Pour consulter des renseignements vérifiés, rendez-vous à l'adresse
:
https://dataverse.scholarsportal.info/dataverse/cameroon.
Cliquez sur un élément pour afficher le rapport de vérification.
Triez les incidents vérifiés en cliquant sur la catégorie de
« mots-clés » dans la colonne de gauche. Vous pourrez alors classer
les résultats par type d'atrocité et auteur probable.
Pour toute question concernant la navigation du site Web, reportez-vous à
la FAQ du Dataverse ou écrivez-nous à
cameroondatabase@rotman.utoronto.ca.
Les informations dans la base de données contiennent des éléments
graphiques. Veuillez consulter les ressources suivantes sur la résilience
et les traumatismes :
https://research.rotman.utoronto.ca/Cameroon/ResourcesOnReciliency.htm
Contact
La crise anglophone
La crise anglophone dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun
représente une menace existentielle pour des millions de Camerounais et risque
de compromettre la stabilité nationale du Cameroun ainsi que des sous-régions
d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest. De graves crimes contre l'humanité
ont été commis pendant cette crise, et il ne faut pas la laisser dégénérer
en génocide.
Pays officiellement bilingue, le Cameroun possède deux régions anglophones
et huit régions francophones. La crise a surgi en octobre 2016, lorsque des
avocats et des enseignants anglophones ont déclenché une grève
et manifesté dans la rue afin de protester l'intégration par le gouvernement
de juges, d'enseignants et de procédures francophones dans les tribunaux
et les écoles des régions anglophones. La crise s'est d'abord présentée
comme le dernier épisode du « problème anglophone », un
grief historique au Cameroun qui renvoie à la marginalisation politique,
économique et sociale ressentie par les Camerounais anglophones dans un pays
majoritairement francophone. Les anglophones représentent environ 20 pour
cent de la population du pays et les francophones les 80 pour cent restants.
Le gouvernement a répondu par la force aux manifestations pacifiques de 2016
et, en janvier 2017, a emprisonné des dirigeants du mouvement, en plus de
couper l'Internet dans ces régions pendant des mois. à mesure que
la crise s'aggravait, des défenseurs anglophones ont réagi en instaurant
chaque semaine des « villages fantômes » (arrêt des activités
dans les marchés, interdiction de voyager) et en fermant les écoles.
En particulier, la crise a « pris des dimensions dépassant les revendications
moins complexes à l'origine du mouvement de grève déclenché
par les enseignants et les avocats [...] les manifestations [...] sont de plus en
plus portées par l'émergence de revendications pour l'indépendance
» (Caxton, 2017) [Notre traduction]. Le 1er octobre 2017, des séparatistes
ont déclaré symboliquement la création de l'état indépendant
d'« Ambazonie ». Au fil du temps, l'exacerbation de la violence par
les forces de sécurité du Cameroun a provoqué des attaques
de représailles des divers groupes armés séparatistes de ces
régions.
À l'heure actuelle, le conflit a donné naissance à environ
19 groupes armés non étatiques qui font un usage fréquent de
tactiques irrégulières dans les affrontements avec les forces gouvernementales
(International Crisis Group, 2019 : 32-33). Selon l'International Crisis Group,
en septembre 2019, on dénombrait environ 3 000 morts et au moins 500 000
personnes déplacées à l'intérieur du pays, dont 40 000
sont actuellement réfugiées au Nigeria, et 700 000 enfants privés
d'école. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Organisation
des Nations Unies (UNOCHA) indique qu'en date de juillet 2019, 1,3 million de personnes
ont besoin d'une aide humanitaire urgente dans les régions anglophones.
Les forces gouvernementales ont commis les actes suivants :
- réaliser des exécutions extrajudiciaires;
- piller, fusiller, battre, torturer, avoir un recours disproportionné et aveugle
à la force;
- agresser et arrêter des manifestants;
- provoquer des incendies ayant rasé plus de 200 villages et déplacé
des centaines de milliers de civils;
- attaquer des hôpitaux;
- battre et violer des femmes et des filles.
Certains groupes armés non étatiques ont commis les actes suivants
:
- tuer et mutiler des membres des forces de sécurité;
- tuer, torturer ou mutiler des civils anglophones en apparence défavorables
à la sécession;
- enlever des civils pour demander une rançon;
- enlever des enseignants et des étudiants pour imposer la fermeture des écoles;
- imposer un état d'urgence assignant les civils à résidence
pendant des jours;
- battre et violer des femmes et des filles.
La population civile est prise au milieu du conflit. La crise s'est transformée
en une catastrophe humaine qui engendre des violations des droits de la personne
et une violence inhumaine.
Le conflit anglophone au Cameroun a reçu une couverture médiatique
insuffisante dans la presse internationale et africaine. En effet, il se trouve
en tête de la liste de 2019 du Conseil norvégien pour les réfugiés
des crises de déplacement les plus négligées. En avril 2019,
le chercheur principal chargé du Cameroun de l'organisation Human Rights
Watch s'est vu interdire l'entrée au pays à l'aéroport de Douala
alors qu'il se rendait dans les régions anglophones pour enquêter et
faire rapport sur les violations des droits de la personne. Des journalistes camerounais
ont été emprisonnés parce qu'ils tentaient de couvrir la crise.
Civils et combattants se servent des médias sociaux pour partager des informations
sur le conflit. Cependant, ces informations sont souvent vagues et confuses. De
plus, on ignore si elles sont authentiques : il est arrivé que des images
d'incidents anciens ou s'étant produits dans d'autres pays aient été
remises en circulation dans les médias sociaux en les attribuant à
tort à la crise. Les militaires pourraient s'en prendre aux civils découverts
en possession de renseignements sur la crise dans leur téléphone;
et dans le climat actuel de méfiance au Cameroun, on transmet des informations
à un ami qui les passe à un autre ami et ainsi de suite avant de les
publier pour empêcher de remonter à la source. Le gouvernement du Cameroun
a menacé, arrêté et agressé physiquement des journalistes.
Le gouvernement camerounais ne s'acquitte pas de sa « responsabilité
de protéger », et la crise perdure. Elle doit faire l'objet d'une attention
et d'une intervention à l'échelle régionale et internationale
pour réduire la violence, protéger les civils, aider les réfugiés
et les personnes déplacées, rétablir les droits de la personne
ainsi que permettre un cessez-le-feu et des négociations de paix.
Avoir accès à des renseignements et à des preuves vérifiés
sur les atrocités se produisant au Cameroun peut s'avérer extrêmement
utile à l'atteinte de ces fins.
Cette base de données sur les atrocités permettra de conserver en
sécurité des renseignements de nature délicate sur les atrocités
en appui à la fin du conflit anglophone dans le but d'alléger les
souffrances des civils et de restaurer la paix et la justice.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur les crimes contre l'humanité
de la crise anglophone, consultez :
Sources